Le terroir de Chamery forme un cirque de vignes sur des coteaux parfois abrupts couronnés par la forêt. C’est un paysage saisissant, souvent pris en photo ! Le vignoble de Chamery est classé 1er cru. Il est planté sur des terres sableuses dans la partie basse des coteaux, des sols sablo-argileux à mi-coteau et argilo-calcaires près des bois.
Sur les quelques 205 hectares cultivés par une centaine d’exploitants, il y a 41 % de Pinot meunier, 29 % de Pinot noir et 30 % de cépage Chardonnay. La présence de plus en plus importante de ce dernier cépage (à raisin blanc) est liée aux replantations réalisées dans les années 1980 à la suite de fortes gelées dont l’hiver 1985 avec des épisodes à moins 30° ! Le terroir permet ainsi de jouer sur une palette aromatique large et d’élaborer des assemblages riches en nuances.
A l’origine, comme dans beaucoup d’autres communes champenoises, la viticulture n’était pas l’activité principale à Chamery. Il y avait beaucoup de vergers, quelques primeurs et surtout de l’élevage (ovins, bovins et chevaux). Dans le vignoble champenois, le remembrement a eu lieu à partir des années 1960 pour regrouper les parcelles dispersées et faciliter leur culture. Depuis, le vignoble s’est beaucoup étendu, faisant disparaître les nombreux vergers qui ponctuaient les terres autour du village.
Mais aujourd’hui de nombreux arbres et arbustes sont replantés à proximité et même dans les parcelles de vigne ! Chamery est une commune pionnière dans ce qui est appelé la viticulture durable.
Produire dans le plus grand respect de l’environnement est un devoir pour une appellation d’origine contrôlée de grande notoriété. Cette préoccupation, déjà ancienne, s’est renforcée depuis une quinzaine d’années et elle s’inscrit dans un objectif de développement durable des activités viticoles et vinicoles.
L’analyse environnementale de l’ensemble de la filière Champagne, réalisée au début des années 2000, a mis en évidence quatre enjeux majeurs :
- la maîtrise des intrants et de leurs effets potentiels sur la santé et l’environnement,
- la préservation et la mise en valeur des terroirs, de la biodiversité et des paysages,
- la gestion responsable de l’eau, des effluents, des sous-produits et des déchets,
- le défi énergétique et climatique.
Ces enjeux sont considérés comme prioritaires par la profession et de nombreuses actions sont déjà en cours :
- réduction des quantités de produits phytosanitaires appliquées (-50 % en ordre de grandeur depuis le milieu des années 1990)
- développement de la technique biologique de confusion sexuelle qui permet la quasi-suppression des traitements insecticides classiques
- développement de la viticulture biologique
- Respect des écosystèmes et des paysages : modification des pratiques d’entretien des sols avec le développement de l’enherbement (en 2019, le vignoble de Chamery est enherbé sur 3/4 de sa surface), réapparition progressive des piquets en bois, implantation de haies arbustives, opération « coteaux propres », gestion de l’eau et aménagement hydraulique des coteaux (l’ASA de Chamery existe depuis 1998) …
Ces travaux commencent à porter leurs fruits puisque l’intensité carbone de l’ensemble de la filière Champagne a été réduite de 15% entre 2003 et 2010.